Dans le Tour 2, un démineur du nom de Chris North détaille différents gestes, pensées et affects, inéluctablement reconduits au gré des procédures de désamorçage dans lesquelles il est impliqué. Description calme, livrée lors d'un moment de répit : l'homme dévoile ces poèmes liés à l'ailleurs des champs de mine alors même qu'il se trouve chez lui, sur son bâteau, en train de pêcher à la ligne.
Amorce : 1. Morceau de film ou de bande magnétique utilisé pour mettre en place le dispositif 2. Petite masse d'explosif dont la détonation enflamme la charge d'une cartouche ou d'une mine 3. Produit jeté dans l'eau pour attirer le poisson [source : Petit Larousse 2003]
Cet agencement propre aux dictionnaires pourrait éclairer quelque chose du fonctionnement du film, de sa propension à travailler chaque situation, chaque posture humaine, de la même façon que le mot assemble et décline des acceptions multiples. Ainsi sur le bateau, les tours du moulinet de la canne à pêche qui permettra, peut-être, de faire remonter le poisson amorcé entrent en correspondance avec les tours de cette clé qui aura permis, sans doute, de désamorcer la mine. Neuf tours fourmille de telles analogies plus ou moins secrètes entre les gestes du démineur et du pêcheur, ceux du démineur et du boxeur, ou encore de l'urgentiste et du réparateur travaillant sous (haute ?) tension, toutes affinités grâce auxquelles l'ici et maintenant de chaque situation donnée semble former une caisse de résonance pour d'autres situations, ailleurs.
Barbara Le Maître
Olivier Zabat - Neuf tours.
Posted by Grain de Blé at 10:47
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