Qui sait où va la critique?

Marcel Broodthaers, La pluie (projet pour un texte), 1969, © Centre Georges Pompidou.


À l’occasion de la table ronde « Où va la critique ? », organisée au Centre Pompidou, Le Silo a proposé d’engager un travail de recherche sur le sujet en soumettant un questionnaire à de nombreuses personnalités françaises et étrangères. C’est un interrogatoire des « comment ? » plutôt que des « pourquoi ? », intéressé avant tout par la description des pratiques, une collection de points de vue qui permettra de dessiner une cartographie actuelle de la critique et qui doit aussi permettre de faire entendre des voix qui autrement resteraient hors de portée.

Devant d’autres formes de discours, cette manière singulière de se mettre de « plain-pied » avec le film, qu’elle soit critique en titre ou sans rubrique bien définie, n’est toujours pas de trop. Alors, comment faire, maintenant ? « La critique a perdu sa montre », disait-on dans les années 50. Fallait-il le regretter ? Et aujourd’hui (ou là-bas), quelle heure est-il ?

LES QUESTIONS:

COMMENT ÇA VA ?
La question n’est pas seulement un préliminaire avenant et s’entend de diverses façons pour demander, souriante mais un peu inquiète : quelle est la situation de la critique aujourd’hui ? Si les temps héroïques d’une critique fondée sur des systèmes d’interprétation paraissent révolus, si les communautés critiques, les grands mouvements et les grands courants se sont dissipés, sur quoi la critique peut-elle faire fond? Avant de savoir où elle va, sait-on seulement où elle en est ?

COMMENT ÇA MARCHE ?
Comment s’élabore la relation critique au film ? Comment cette relation a-t-elle évolué dans l’histoire ? Si la critique est dans l’après-coup et donne des prolongements au film, quel est son tempo ? Quelle distance mettre entre elle et ses objets ? Est-ce une question de méthode voire de technique ? Comment travaillez-vous ?

COMMENT ÇA SE DÉPLACE ?
La critique doit-elle revoir ses positions dès lors que le cinéma « prend des positions » différentes ? Les migrations successives du cinéma (de la salle au musée, du film projeté en salle au DVD, du DVD à internet…) induisent-elles d’autres réalités de l’écriture ? Mais aussi, pourquoi pas : d’autres réalités, d’autres modalités pour la critique que l’écriture ? D’autres formes discursives se sont emparées de ses objets : théorie du cinéma, histoire du cinéma, exposition du cinéma… Faut-il spécifier la fonction critique par rapport aux autres discours sur le film ?

COMMENT FAIRE ?
Comment la critique se situe-t-elle par rapport aux discours de l’information, de la communication ou de l’évaluation ? Comment se distribuent les enjeux de jugement de goût, de production de connaissance, d’interprétation ? Que recouvre la critique de cinéma au-delà du champ strictement cinématographique (si tant est que l’on considère qu’elle puisse ou doive parler d’autre chose) ?

COMMENTAIRE ?