LAURA MULVEY

© Clara Bow Archive
Samedi 13 février 2010, 14h30-18h
Au Centre Pompidou, Petite salle, niveau -1, entrée libre

Ecrire sur le cinéma, une cartographie. Première séance: Grande Bretagne.

C’est avec Laura Mulvey, professeure d’études cinématographiques à l’Université de Birkbeck (Londres) et réalisatrice, que sera inauguré le tour d’horizon intitulé Ecrire sur le cinéma, une cartographie, une proposition du collectif Le Silo en association avec le Centre Pompidou. Une série de journées seront consacrées dans ce cadre à la présentation d’une autre scène, internationale et qui n’a pas encore trouvé, en France, à s’inscrire suffisamment dans le paysage de la critique et des études cinématographiques.

Conférence de Laura Mulvey :
Pensées sur la jeune femme moderne des années 20, la théorie du cinéma et le féminisme.


« If early film theory found its crucible in cinema of the Hollywood studio system, it was particularly so for 1970s feminist film theory. I argued at the time that Hollywood produced a film aesthetic that was essentialy ordered by a regime of desire that translated into a gendered voyeurism. But as opportunities for historical research opened up, to modify these generalisations and give the representation of gender context and complexity came to be an important task for feminist engagement with the cinema ».
Laura Mulvey, Visual and other pleasures, Londres, éd. Palgrave MacMillan, 2009.

La conférence de Laura Mulvey sera introduite par Emilie Bickerton qui écrit pour plusieurs revues anglaises (dont Sight & Sound et The London Review of Books) et fait partie du comité éditorial de la New Left Review. Elle vient de publier A Short History of Cahiers du Cinéma (Londres, éd. Verso, août 2009).

Elle sera suivie d’un « post-scriptum » de Raymond Bellour, intitulé En marge de Death 24x a Second. Raymond Bellour est écrivain, critique et théoricien du cinéma et de la littérature. Il est directeur de recherche émérité au CNRS et a enseigné à l'Universiré Paris III. En 1991, avec Serge Daney, il participe à la création de la revue Trafic qui a traduit des textes de Laura Mulvey. Raymond Bellour a récemment publié Le Corps du cinéma, Hypnoses, émotions, animalités (éd. POL, 2009) et Les Hommes, le dimanche, de Robert Siodmak et Edgar G. Ulmer (éd. Yellow Now 2010). Son travail dialogue de façon privilégiée avec celui de Laura Mulvey et en particulier avec son dernier ouvrage, Death 24x a Second.

En 1975, Laura Mulvey publie dans la revue Screen un article provocateur sur le cinéma hollywoodien : « Visual Pleasure and Narrative Cinema ». Avec ce texte rapidement devenu incontournable, elle inaugure le croisement des gender et des film studies. En s'appuyant notamment sur les concepts de la psychanalyse, l’article de Laura Mulvey décompose l'appareil hollywoodien en fonction d’un partage phallocentrique et patriarcal des genres: construction d'un spectateur-sujet-masculin vs. figuration de la femme comme objet du désir à l'écran. Par-delà le voyeurisme ou la fascination fétichiste, le texte en appelle à la contestation de cette forme de manipulation du plaisir visuel et réclame une écriture cinématographique instituant un spectateur alternatif. D’abord envisagé comme « spectateur curieux », il est devenu, dans le dernier ouvrage de Laura Mulvey, Death 24x a Second (2006), « spectateur pensif ». Dans les années 90, le développement des supports numériques de l’image a redéfini la condition du spectateur, en fonction desquelles Laura Mulvey repense les formes possibles de la réception filmique. Dans la bascule du regard s’est opéré un retournement de signification : du fétichisme au « spectateur pensif », une position de pouvoir a commuté en désir de savoir.

Renseignement : Christine Bolron, 01 44 78 46 52, @ : christine.bolron@centrepompidou.fr