Mouvement / Surface.

Ce qu’il y a de commun entre l’éclair et le serpent, qui présente un maximum de mouvement et un minimum de surface, c’est leur forme, leurs mouvements mystérieux, sans point de départ ou d’arrivée manifeste, leur caractère dangereux.
Aby Warburg, « Souvenirs d’un voyage en pays pueblo » trad. in Ph-A.Michaud, Aby Warburg et l’image en mouvement, Paris, Macula, 1998, p.259.

En déplaçant la proposition de Warburg vers certains territoires esthétiques non envisagés par l'auteur, l'équation "Mouvement/Surface" pourrait constituer une définition minimale de la plasticité du cinéma.

Pour l'essentiel, l'éventail du mouvement au cinéma s'étend de la stricte reproduction de la mobilité des choses du monde, jusqu'à la création de "purs" mouvements de l'appareil cinématographique, les différents "possibles" du mouvement étant bien souvent combinés. Mais qu'il soit solidaire ou affranchi de la mobilité d'un référent, le mouvement est toujours découpé, structuré, modelé et remodelé par un cadre qui ne délimite pas seulement une portion d'espace, mais détermine aussi la surface du mouvement.

La présentation d’oeuvres liées au champ de l'art contemporain devrait permettre d'observer pratiquement ce qu'il advient de l'équation "Mouvement/Surface" dès lors que les images en mouvement ont migré depuis la salle obscure vers l'espace muséal et, surtout, dès lors que la raison du mouvement des images n'est plus principalement rapportable à l'économie du langage cinématographique.

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The common trait between the flash of lightning and the serpent, which presents a maximum of movement in a minimum surface, is their shape, their mysterious movements, the absence of any apparent starting or end point, its character’s inherent danger.
Aby Warburg, « Souvenirs d’un voyage en pays pueblo » trad. in Ph-A.Michaud, Aby Warburg et l’image en mouvement, Paris, Macula, 1998, p.259.

Taking Warburg’s observation as a starting point and displacing it towards a different territory, one could say that the equation "Movement/Surface" works as a minimal definition of cinema’s inherent plasticity.

Cinematographic movement goes from the strict reproduction of “the things of the world” and their mobility to the creation of “pure” camera movements, its various in-between possibilities being very often combined and explored. Moreover, and regardless of its connection to a referent, movement is always isolated, structured and reshaped by the frame, which delimits a portion of space and determines the surface where movement actually appears.

By shuffling and reshuffling the different parameters in the equation "Movement/Surface”, the film programme proposed by The Silo intends to explore this rather minimal and abstract definition. The projection and exhibition of contemporary art works should allows us to see what happens to the equation Movement/Surface when moving images migrate from dark theatres to gallery and museum spaces. More importantly, we should be able to observe what happens to the moving image when it frees itself from the specific figurative economies that characterise film language.